Ambroisie

L ’Ambroisie à feuilles d’armoise est une plante originaire d’Amérique du Nord. Par le biais des activités humaines, elle s’est dispersée sur tous les continents. Depuis son arrivée en France métropolitaine en 1863, elle tend peu à peu à coloniser tout le territoire.

Quelques grains de pollen d’ambroisie par m3 d’air suffisent pour déclencher une réaction chez les personnes sensibilisées. La réaction allergique appelée pollinose peut être grave : une rhinite sévère avec ou sans conjonctivite, compliquée fréquemment de trachéite et/ou d’asthme, et constamment d’une grande fatigue. Une atteinte cutanée est parfois associée : démangeaisons, urticaire, eczéma.

L’ambroisie représente un enjeu de santé publique compte tenu de son pollen hautement allergisant pour l’homme et de son fort potentiel d’envahissement, puisqu’elle est capable de se développer rapidement sur une grande variété de milieux (sols agricoles, bords de voies de communication, zones de chantiers, terrains privés, etc.). Elle est également source de nuisances pour les agriculteurs, car elle constitue une plante adventice concurrentielle de certaines de leurs cultures.

Les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine particulièrement touchées

Rien qu’en Auvergne-Rhône-Alpes les chiffres avancés sont alarmants. Selon une étude de l’Observatoire Régional de la Santé en 2017 :

  • 6,7 millions de personnes sont exposées à un risque allergique fort plus de 20 jours / an ;
  • 600.000 personnes sont allergiques ;
  • Près de 10% de la population a consommé des soins en lien au pollen d’ambroisie ;
  • Le coût global de ces soins est estimé à 40,6 millions d’euros.

Les régions touchées par l'ambroisie

Et si l’ensemble de la France était autant touché qu’Auvergne-Rhône-Alpes ?

En 2018, l’Observatoire des ambroisies publie une carte simulant une invasion de la plante identique à celle de la région Auvergne-Rhône-Alpes

Ambroisie : les impacts sanitaires

En Charente, 119 communes ont fait au moins 1 signalement de présence d’ambroisie
(données récoltées entre 2000 et 2018).

Etat des lieux de l'ambroisie en Charente

Quelle réglementation pour lutter contre l’ambroisie ?

Une loi

À l’heure actuelle, il n’existe pas de réglementation européenne concernant la lutte contre les ambroisies. Ainsi, il revient à chaque État d’arrêter sa propre réglementation dans ce domaine. En France, suite à la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, un nouveau dispositif réglementaire national spécifique à la lutte contre les ambroisies a été intégré en 2017 dans le code de la santé publique (CSP).

Outre l’Ambroisie à feuilles d’armoise, la réglementation nationale vise l’Ambroisie trifide et l’Ambroisie à épis lisses. Parmi les grands types de mesures à mettre en œuvre au niveau national et/ou local, figurent :

  • la surveillance de la présence des espèces et l’évaluation de leurs impacts sur la santé humaine et les milieux ;
  • la prévention de leur développement et de leur prolifération ;
  • la gestion et l’entretien de tous les espaces, agricoles ou non, où se développent ou peuvent se développer ces espèces ;
  • la destruction de spécimens de ces espèces dans des conditions permettant d’éviter leur dissémination et leur reproduction ;
  • la prise de toute mesure permettant de réduire ou d’éviter les émissions de pollens ;
  • l’information du public.

Des mesures inadaptées

Les actions mises en œuvre par les pouvoirs publics sont très insuffisantes et inadaptées :

  •  « L’éparpillement » de la législation sur l’ambroisie n’aide pas à l’efficacité de la lutte : il est nécessaire d’avoir une réglementation uniforme, lisible, simple et donc efficace sur l’ensemble du territoire français, même dans les départements où l’ambroisie n’est pas encore présente.

Par exemple, la Bretagne, qui n’a pas d’ambroisie, s’est dotée d’arrêtés préfectoraux très restrictifs, afin de ne pas la voir arriver sur son territoire.

Par ailleurs, comme le montre la carte ci-dessus, le nombre de signalements d’ambroisie peut beaucoup varier entre deux départements pourtant limitrophes. Le niveau d’informations des maires et du grand public n’y est peut-être pas pour rien…

  • Le Ministère de la Santé se contente de donner aux Agences Régionales de Santé (ARS) des missions d’observation et d’information des publics. L’information est bien sûr nécessaire mais elle n’est pas suffisante. Il faut aussi que les pouvoirs publics organisent activement la destruction de l’ambroisie.
  • Le décret d’application de la loi Santé dit que « les maires peuvent participer à la lutte ». Et s’ils ne peuvent (ou ne veulent) pas : que se passe-t-il ? Il est indispensable de modifier la loi pour que la lutte soit rendue obligatoire.
  • Il semble enfin difficile d’obtenir des résultats concrets sans la notion d’évaluation (qui sous-tend des objectifs, des indicateurs et des moyens de suivi), absente de la réglementation actuelle.